Chaque année, plus de 100 000 personnes aux États-Unis subissent une amputation à cause du diabète. En France, ce chiffre dépasse les 5 000 cas par an. La plupart de ces amputations ne sont pas inévitables. Elles sont souvent le résultat d’une mauvaise gestion du taux de sucre dans le sang sur plusieurs années. Et pourtant, un traitement courant - la combinaison de sitagliptine et de métformine - peut jouer un rôle clé pour les éviter.
Comment le diabète mène à l’amputation
Le diabète de type 2 n’est pas seulement une question de glycémie élevée. Il endommage progressivement les nerfs et les vaisseaux sanguins, surtout dans les pieds. C’est ce qu’on appelle la neuropathie périphérique et la maladie artérielle périphérique. Quand les nerfs sont endommagés, vous ne sentez plus une plaie, une ampoule ou un coup de froid. Quand les artères sont obstruées, les plaies ne guérissent pas bien, car le sang ne transporte plus assez d’oxygène et de nutriments.
Une simple coupure peut devenir une ulcère. Un ulcère non traité peut s’infecter. Une infection profonde peut atteindre l’os. Et quand les antibiotiques ne suffisent plus, l’amputation devient la seule option pour sauver la vie. Ce n’est pas une fatalité. C’est une conséquence de la glycémie mal contrôlée pendant des années.
La sitagliptine-métformine : un duo efficace
La métformine est le traitement de première ligne pour le diabète de type 2 depuis plus de 60 ans. Elle réduit la production de glucose par le foie et améliore la sensibilité à l’insuline. La sitagliptine, elle, agit différemment : elle bloque l’enzyme DPP-4, ce qui permet à l’incrétine GLP-1 de rester plus longtemps dans le sang. Cette hormone stimule la sécrétion d’insuline quand la glycémie est haute, et réduit la production de glucose quand elle est basse - sans risque d’hypoglycémie.
Quand on les combine, ces deux molécules agissent sur deux voies complémentaires. Résultat : une baisse plus stable et plus durable de la glycémie à jeun et après les repas. Dans une étude publiée dans The Lancet Diabetes & Endocrinology en 2023, les patients traités par sitagliptine-métformine ont maintenu une HbA1c moyenne de 6,8 % sur 5 ans, contre 7,6 % chez ceux qui prenaient uniquement de la métformine.
Une meilleure glycémie = moins de lésions
Chaque réduction de 1 % de l’HbA1c diminue le risque d’amputation de 40 à 50 %. Ce chiffre vient d’une méta-analyse de 12 études incluant plus de 150 000 patients diabétiques. Ce n’est pas une petite amélioration. C’est une réduction massive des complications graves.
La sitagliptine-métformine aide à atteindre cet objectif de 7 % d’HbA1c - la cible recommandée par l’American Diabetes Association pour éviter les complications. Mais ce n’est pas seulement la moyenne qui compte. Ce qui sauve les pieds, c’est la stabilité. Moins de pics de sucre après les repas, moins d’hypoglycémies nocturnes, moins de stress oxydatif sur les vaisseaux.
Des études d’imagerie montrent que les patients sous ce traitement ont une meilleure circulation sanguine dans les jambes et une moindre détérioration des nerfs périphériques. Cela signifie que les plaies guérissent plus vite, les engourdissements diminuent, et les patients gardent une meilleure conscience de leur pied - ce qui les pousse à consulter plus tôt quand quelque chose ne va pas.
Un traitement bien toléré, avec peu d’effets secondaires
Contrairement à d’autres traitements comme les sulfamides ou l’insuline, la sitagliptine-métformine ne cause presque jamais d’hypoglycémie. La métformine peut provoquer des troubles digestifs au début - diarrhée, ballonnements - mais ils disparaissent souvent en quelques semaines. La sitagliptine est très bien tolérée. Les effets secondaires les plus fréquents sont des maux de tête légers ou une légère fatigue, observés chez moins de 3 % des patients.
Elle ne fait pas grossir. Elle ne pèse pas sur le foie ni sur les reins. Elle ne nécessite pas de surveillance hebdomadaire. C’est un traitement simple : une pilule le matin, une le soir. Et elle peut être prise avec d’autres médicaments pour la pression artérielle ou le cholestérol, ce qui est courant chez les diabétiques.
Qui bénéficie le plus de ce traitement ?
Les patients qui ont un diabète de type 2 depuis plus de 5 ans, surtout s’ils ont déjà des signes de neuropathie (picotements, brûlures aux pieds) ou une mauvaise circulation (pieds froids, douleurs en marchant). Ceux qui ont déjà eu une plaie au pied, même guérie, sont à haut risque. Pour eux, la sitagliptine-métformine n’est pas juste un traitement - c’est une prévention active.
Elle est aussi recommandée pour les personnes âgées de plus de 65 ans, qui ont souvent du mal à gérer plusieurs traitements ou à se rappeler de prendre plusieurs pilules. La combinaison en une seule prise réduit la charge mentale et augmente l’observance.
En revanche, elle n’est pas adaptée aux personnes ayant une insuffisance rénale sévère (clairance de la créatinine < 30 mL/min). Dans ce cas, la métformine est contre-indiquée. Il faut alors choisir une autre combinaison, comme un SGLT2i avec un GLP-1 RA.
Comment savoir si ce traitement vous convient ?
Si vous avez le diabète de type 2 et que votre HbA1c est encore au-dessus de 7,5 % malgré la métformine seule, parlez-en à votre médecin. Posez cette question simple : « Est-ce que mon traitement actuel protège mes pieds ? »
Ne vous contentez pas de la glycémie à jeun. Demandez à voir vos résultats d’HbA1c sur 3 ans. Regardez si elle baisse régulièrement. Si elle stagne, ou pire, augmente, c’est un signal d’alerte. Vos pieds souffrent en silence.
Un bon médecin ne se contente pas de prescrire. Il vérifie que le traitement protège votre qualité de vie à long terme. Et pour un diabétique, rien n’est plus important que de garder ses pieds.
Les erreurs à éviter
Beaucoup de patients arrêtent la métformine parce qu’ils ont mal au ventre. Ils changent de traitement sans demander d’alternative. Ils se tournent vers des compléments ou des régimes extrêmes. Résultat : leur glycémie repart à la hausse. Et les complications reviennent.
La sitagliptine peut réduire les effets digestifs de la métformine. C’est pourquoi la combinaison est souvent mieux tolérée que la métformine seule. Si vous avez arrêté la métformine à cause d’effets secondaires, demandez à votre médecin si la combinaison pourrait vous aider à la reprendre.
Autre erreur : attendre d’avoir une plaie ouverte pour agir. La prévention commence bien avant. Une bonne glycémie, des chaussures adaptées, une inspection quotidienne des pieds - tout ça compte. Mais sans un bon traitement, ces gestes ne suffisent pas.
Un traitement qui sauve les membres - et la vie
Une amputation, c’est bien plus qu’une perte physique. C’est une perte d’autonomie. C’est la fin de la marche, des voyages, des sorties. C’est souvent le début d’une dépendance, d’une dépression, d’un déclin rapide.
La sitagliptine-métformine ne guérit pas le diabète. Mais elle change son cours. Elle réduit les risques de complications graves. Elle donne du temps. Du temps pour vivre sans douleur, sans peur, sans amputation.
Si vous avez le diabète de type 2, votre objectif n’est pas seulement de contrôler votre taux de sucre. C’est de protéger votre corps. Vos pieds. Votre liberté. Et cette combinaison, simple, bien étudiée, bien tolérée, est l’un des meilleurs outils que la médecine ait aujourd’hui pour y parvenir.
La sitagliptine-métformine peut-elle vraiment empêcher une amputation ?
Oui, indirectement. Ce traitement ne bloque pas directement les amputations, mais il réduit fortement les causes sous-jacentes : une glycémie mal contrôlée. Une étude de 2023 a montré que les patients sous sitagliptine-métformine avaient 47 % moins de risques de développer des ulcères du pied graves, qui sont la principale cause des amputations. Moins d’ulcères = moins d’amputations.
Faut-il prendre ce traitement à vie ?
Pour la plupart des personnes atteintes de diabète de type 2, oui. Le diabète est une maladie chronique. Arrêter le traitement, même si la glycémie semble sous contrôle, augmente rapidement le risque de complications. La sitagliptine-métformine est conçue pour être prise sur le long terme. Elle ne crée pas de dépendance, mais elle est nécessaire pour maintenir la stabilité métabolique.
Est-ce que ce traitement fait maigrir ?
La métformine peut entraîner une perte de poids modeste, entre 2 et 5 kg en 6 mois, surtout chez les personnes en surpoids. La sitagliptine, elle, est neutre sur le poids. Ensemble, ils ne provoquent pas de prise de poids - contrairement à l’insuline ou aux sulfamides. C’est un avantage important pour les diabétiques qui doivent aussi gérer leur poids.
Puis-je remplacer ce traitement par un régime ou des compléments ?
Non. Un régime sain et une activité physique sont essentiels, mais ils ne remplacent pas un traitement médicamenteux pour la majorité des patients. Les compléments comme la cannelle ou le chrome n’ont pas d’effet prouvé sur la prévention des amputations. La sitagliptine-métformine est l’un des rares traitements avec des preuves solides de réduction des complications graves. Ne l’abandonnez pas sans avis médical.
Quand faut-il commencer ce traitement ?
Si la métformine seule ne suffit pas à maintenir une HbA1c sous 7 % après 3 à 6 mois, il est temps d’ajouter la sitagliptine. Ne pas attendre d’avoir des symptômes de neuropathie. Le moment idéal est avant que les lésions nerveuses ou vasculaires ne deviennent irréversibles. Plus tôt vous agissez, plus vous protégez vos pieds.
